ParlonsBudget 2020 Ce Qui a Été Dit

Le mardi 5 novembre, les conseillers Leiper, King, Fleury et Menard ainsi que la conseillère McKenney ont accueilli un nombre record de participants à l’événement annuel ParlonsBudget. Nous comptons sur cet événement pour recueillir de précieux commentaires des résidents du centre-ville sur leurs priorités pour le budget, afin que les conseillers puissent veiller à leurs intérêts le mieux possible durant le processus budgétaire.

Cet événement portait sur trois thèmes principaux : la mobilité, l’infrastructure sociale et l’abordabilité des logements. Un représentant du bureau de la trésorière municipale à propos du budget provisoire de 2020, et trois experts de ces domaines ont traité des principaux obstacles que rencontre la Ville d’Ottawa et de la manière dont nous pouvons collaborer pour les surmonter. Les participants ont ensuite pu s’attabler en groupes d’environ huit personnes pour discuter de ce qu’ils considèrent comme prioritaire pour le budget municipal de 2020, de solutions potentielles aux problèmes d’accès au transport en commun et de fiabilité du service, des taxes excessives auxquelles sont soumis les services sociaux et de la crise actuelle du logement et de l’itinérance. Voici un résumé de ce que ces experts avaient à dire aux participants et des commentaires que nous avons reçus. Pour en savoir plus à propos du budget municipal de 2020, rendez-vous ici.

Infrastructure sociale – Naini Cloutier

Naini Cloutier est la directrice générale du Centre de santé communautaire Somerset Ouest, un organisme qui offre un éventail de services favorisant la santé et le bien-être de la communauté. Elle a expliqué que le concept d’infrastructure sociale est plutôt simple : c’est l’idée voulant que les résidents puissent apprendre les uns des autres, mettre leurs connaissances et leurs expériences à profit et s’appuyer mutuellement pour traverser les épreuves. Le fait d’entretenir le sens de la communauté est primordial pour les services sociaux, et pour les organismes à but non lucratif comme CNHA, Options Bytown et le Centre d’alimentation Parkdale font ce travail à Ottawa depuis de nombreuses années. Le financement municipal représente un morceau important du casse-tête pour ces organismes, qui aident les résidents à exploiter leur plein potentiel et à améliorer leur santé et leur bien-être. Leurs activités profitent à tout le monde, que l’on pense à des aînés qui tentent de briser l’isolement, à des personnes vivant avec un faible revenu, aux résidents fréquentant régulièrement les banques d’alimentation, aux adolescents de la communauté LGBTQ vivant avec des problèmes de santé mentale ou aux personnes qui ne peuvent compter sur un bon accès à des soins de santé.

Les services sociaux n’ont pas seulement à voir avec la santé physique, mais aussi avec la santé mentale et le bien-être émotionnel : ils visent en effet à stimuler les amitiés, à offrir des soins et des services et à combler les lacunes potentielles dans les besoins primaires des résidents. Bien souvent, les services de santé physique ne peuvent remédier aux difficultés rencontrées sur le plan social (racisme, homophobie, transphobie et isolement), mais les organismes de services sociaux peuvent créer des programmes pour aider les populations à risque à se sentir bien et en sécurité. Que l’on pense aux services sans rendez-vous offerts aux jeunes transgenres présentant des tendances suicidaires, aux travailleurs de soutien des pairs se consacrant à prévenir les crises psychologiques, à la livraison de repas, aux services favorisant le vieillissement chez soi ou aux initiatives communautaires de prévention du crime, les organismes de services sociaux peuvent prévenir les crises, réduire la pression sur notre système de santé et atténuer les traumatismes que peut vivre une communauté quand les choses tournent mal. En planifiant les activités d’une ville comptant un million de résidents, il faut nous assurer que des services sociaux adéquats sont en place. Une infrastructure sociale solide est synonyme de communautés résilientes, ce qui est un élément capital pour bâtir une ville où il fait bon vivre.

Abordabilité des logements – Lisa Ker

Lisa Ker est la directrice générale de la Corporation Salus, une société à but non lucratif offrant des logements sûrs, de qualité et abordables aux personnes vivant avec un problème de santé mentale récurrent et sérieux. Les résidents des logements de Salus ne paient pas plus que la proportion maximale de leurs revenus qui devrait être consacrée au logement, soit environ 500 $/mois. Mme Ker mène depuis plusieurs années des activités de sensibilisation et d’aide au profit des personnes vivant en situation d’itinérance et de précarité de logement, tant ici qu’à Toronto. Elle a rappelé qu’il ne faut pas être un spécialiste en matière d’abordabilité et de précarité du logement pour remarquer que notre ville fait face à une crise, puisqu’on peut en constater les effets quotidiennement.

Elle a expliqué que, récemment, les militants pour le logement abordable ont réaligné leurs efforts sur un thème plus général, celui de l’abordabilité, afin de sensibiliser davantage de gens à leurs messages et à leurs préoccupations, surtout les membres de la classe moyenne qui craignent de ne pouvoir se permettre un chez-soi à long terme. Elle a exprimé son malaise devant l’emploi de plus en plus répandu du terme « dormir à la dure » pour distinguer les personnes qui dorment à l’extérieur de celles qui vivent dans un refuge : la popularisation de ce terme pourrait faire croire que le fait de vivre dans un refuge ne soit « pas si mal ». Elle a expliqué qu’elle craignait que la vie dans un refuge ne soit plus vue comme inacceptable et que les résidents considèrent que l’itinérance fait partie du portrait ottavien, comme si le fait qu’Ottawa soit devenu une grande ville suppose qu’on doive tolérer ce genre de problème.

Enfin, elle a expliqué qu’elle craint de voir la crise du transport en commun actuelle détourner l’attention de la crise du logement (et de la voir accaparer les fonds disponibles). Elle reconnaît que ces problèmes sont interreliés et souligne l’importance, lorsque viendra le temps d’établir nos priorités pour le budget municipal de 2020, de réfléchir au genre de ville où nous souhaitons vivre. Elle a en outre demandé à ce que le budget de 15 millions prévu pour le logement abordable soit au moins doublé durant la prochaine année.

Mobilité – Sally Thomas

Sally Thomas, ancienne athlète paralympique, est une militante pour le transport en commun. Elle a déménagé de Belleville, en Ontario, à Ottawa en quête d’une ville plus inclusive, et elle défend publiquement cette cause depuis la grève de Para Transpo en 2001, qui s’est étirée sur 11 semaines et demie et a laissé de nombreux utilisateurs en plan.

Elle a parlé de problèmes particuliers concernant Para Transpo, par exemple le fait que les utilisateurs doivent payer davantage pour leur trajet s’ils souhaitent sortir du secteur urbain. Ils rencontrent aussi des problèmes récurrents de fiabilité, d’horaire et de temps d’attente. Il y a de grandes disparités entre le service offert aux utilisateurs de Para Transpo et à ceux d’OC Transpo, la plus importante étant que les premiers doivent prévoir et réserver chaque trajet au moins 24 heures à l’avance, ce qui ne laisse aucune place à la spontanéité ni aux urgences.

Mme Thomas précise que comme 15 % des résidents sont handicapés, beaucoup de personnes sont concernées, et qu’il y a lieu d’en tenir compte dans le budget. L’idée de conception inclusive ne doit pas être appliquée qu’au réseau de transport en commun, mais bien à toute la ville, ce qui profite à chacun et permet à tous de cohabiter dans le meilleur cadre possible.

Ce qui a été dit

Après ces trois présentations, les participants ont discuté des thèmes de l’infrastructure sociale, de l’abordabilité des logements et de la mobilité pendant une trentaine de minutes, puis chaque groupe a présenté ses priorités et ses solutions pour le budget. Ce qui suit est une compilation de ce que nous avons entendu des résidents pendant cette activité ainsi que des notes des adjoints des conseillers affectés à chaque table pour animer les discussions.

Abordabilité des logements

Les résidents ont présenté plusieurs solutions créatives au problème de l’abordabilité des logements, qui était au centre des discussions de la majorité des groupes. Ils ont proposé de faire diminuer les dépenses pour les refuges d’urgence et d’investir plus dans les options de logement abordable à long terme pour des personnes aux besoins divers. L’idée de bâtir des minimaisons ou des maisons modulaires avec des conteneurs recyclés, méthode qui a été utilisée avec un certain succès sur la côte ouest du Canada et aux États-Unis, a été appuyée comme solution potentielle à la crise du logement. Les résidents ont aussi recommandé de travailler avec les promoteurs pour veiller à ce que des logements abordables soient inclus dans les nouveaux bâtiments, en particulier près du transport en commun et dans les quartiers densément peuplés. Il a également été proposé de financer la création et l’entretien de logements abordables par des partenariats public-privé, bien que certains groupes, qui croient que les services publics devraient appartenir au secteur public, s’y soient opposés. Le manque de logements abordables est considéré comme une question de volonté politique par certaines personnes, qui sont d’avis que le problème se situe non pas dans le budget, mais plutôt dans le manque de motivation de la part du leadership de la Ville pour remédier à la situation.

Certains groupes ont suggéré de simplifier le processus de planification pour économiser de l’argent qui pourrait être investi dans la construction de logements abordables ainsi que de prioriser les besoins des résidents en leur offrant de l’aide dans leur milieu de vie et de travail. L’élimination de la stigmatisation du logement abordable et le fait de mettre de l’avant la culture et la communauté dans les ensembles résidentiels abordables, de même que l’investissement dans l’entretien des logements abordables pour en assurer la bonne qualité, sont considérés comme des changements essentiels au modèle actuel. Il est primordial que les logements abordables soient attrayants par leur environnement et leurs commodités. Les résidents ont demandé que les relations soient meilleures avec les gouvernements provincial et fédéral, pour assurer leur investissement dans les logements abordables à Ottawa, et ont exprimé la crainte d’une « ghettoïsation » de divers quartiers. Voici certaines suggestions pratiques : promouvoir le zonage d’inclusion, créer des règlements plus stricts pour la location courte durée dans le but de libérer des logements dans le marché locatif, réduire les impôts fonciers pour les sociétés de logement sans but lucratif, inclure davantage de soutien intégré dans les logements abordables existants, élargir la portée du Programme de suppléments de loyer de la Ville pour améliorer sa transférabilité, construire plus de logements abordables convenant aux familles, et renforcer les normes de sécurité dans les maisons de chambres.

Infrastructure sociale

Dans l’ensemble, les résidents voudraient que davantage d’argent soit investi dans l’infrastructure sociale pour le budget municipal de 2020 et au-delà. L’accent a été mis sur les personnes recourant aux services sociaux; elles devraient pouvoir le faire dans la dignité et se sentir acceptées dans tous les secteurs de la ville. Les résidents ont aussi souligné la possibilité de créer davantage de carrefours communautaires, où sont offerts des services de soutien à long terme et sans rendez-vous, en donnant une nouvelle vie à des bâtiments libres partout dans la ville. Il a aussi été question de favoriser les centres communautaires facilement accessibles où des gens de tous les âges peuvent trouver du soutien, des services et des programmes, ce qui contribuerait à réduire l’isolement et à éviter les crises de santé mentale. Certains résidents ont fait remarquer que parfois, des doublons d’organismes de services sociaux exercent leurs activités en même temps dans la ville; ils se demandent si ces services pourraient être fusionnés, grâce à un soutien financier de la Ville, pour favoriser l’efficacité de leur travail. D’autres résidents ont fait remarquer que la pauvreté chez les enfants devrait être davantage prise en considération, et veulent que des ressources sociales soient dédiées aux enfants et aux jeunes dans le besoin.

Les groupes ont aussi discuté du besoin de rediriger le financement pour les soins de santé mentale vers les mesures préventives, qui réduiront la pression sur nos services de santé et les temps d’attente à l’urgence. Les participants ont aussi insisté sur la facilité d’accès aux soutiens et services sociaux et ont dénoncé le manque de financement pour les centres de santé communautaires et les banques d’alimentation, comme le Centre d’alimentation Parkdale, qui innove grandement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire en s’efforçant d’offrir des produits frais et en favorisant la cuisine à domicile pour les personnes en situation de précarité de logement ou ayant un faible revenu. Concrètement, les participants veulent que la Ville pense de manière durable et finance la prévention plutôt que la réaction.

Mobilité

La majorité des préoccupations en lien avec la mobilité tournaient autour de la fiabilité et de l’accessibilité du transport en commun ainsi que du déneigement. Les participants ont souligné le besoin d’injecter plus d’argent dans l’enlèvement et le déplacement des bancs de neige pour maintenir la sûreté de nos rues et de nos trottoirs en hiver. Un groupe a aussi proposé l’augmentation du nombre de jours de transport en commun gratuit pour différents groupes, en plus des aînés, pour accroître l’achalandage d’OC Transpo ainsi que la fiabilité des autobus et du train léger. Certains participants estimaient qu’il faudrait une meilleure responsabilisation pour les trajets annulés et que le taux d’imposition pour les propriétaires d’une voiture devrait être plus élevé.

De nombreux participants ont fait remarquer que le système de réservation de Para Transpo est désuet et inéquitable; ils voudraient plus d’options de transport en commun accessible sur demande, un système de réservation modernisé et un service qui tient davantage compte des personnes ayant une sensibilité sensorielle ou un trouble du développement. Les résidents ont aussi fait part de leurs inquiétudes quant aux services de transport sur demande, qui menacent les services de taxi accessible, et étaient d’avis que le budget devrait prioriser ces derniers. D’autres participants souhaiteraient une diminution ou un gel des tarifs de transport en commun, l’amélioration des liaisons de transport vers Gatineau, une tarification du carbone pour réduire les émissions et un engagement général à créer une expérience de transport en commun viable et attrayante, ce qui découragerait l’utilisation individuelle des voitures.

Conclusion

Le nombre de participants et les discussions animées de ParlonsBudget 2020 ont été la preuve que les résidents des quartiers urbains ont à cœur l’abordabilité des logements, l’infrastructure sociale et la mobilité. Les participants ont exprimé leur frustration quant au plafonnement des revenus, causé par une augmentation de 3 % de l’impôt annuel qui limite le potentiel de chaque budget et pourrait engendrer des problèmes plus importants dans les années à venir. De plus, certains ont trouvé injuste que des résidents ordinaires prennent des décisions concernant le budget. Ils se sont dits inquiets de ce qui devra être coupé au profit des augmentations proposées.

Les participants voudraient que la Ville réfléchisse différemment aux solutions aux problèmes affectant les grandes villes ainsi qu’à leur prévention, et que davantage de personnel municipal soit engagé pour veiller à ce que les normes et les règlements municipaux actuels soient correctement appliqués. Dans l’ensemble, les résidents ont semblé partager l’impression qu’Ottawa pourrait – et devrait – faire mieux.

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