Condamnation du racisme anti-asiatique

Le conseiller Rawlson King a présenté une motion au conseil municipal qui a été adoptée avec succès, condamnant les récents cas de racisme anti-Asie de l'Est

 

Merci, Votre Honneur.

J’aimerais sincèrement ne pas avoir à présenter cette motion, mais force est de constater que le racisme se manifeste partout sous de multiples formes.

Malheureusement, la COVID-19 a encore renforcé et accéléré ce phénomène dont nous sommes tous au courant : le racisme poursuit ses ravages dans notre ville.

Soyons clairs : la motion que je dépose aujourd’hui et qui traite du racisme à l’endroit des personnes d’ascendance est-asiatique ne vise pas à diminuer les formes de racisme à l’encontre d’autres communautés. Le racisme envers les Noirs, l’islamophobie, l’antisémitisme et le racisme envers les Autochtones existent depuis longtemps au Canada.

De plus en plus de rapports ont commencé à faire état des occurrences de racisme à l’endroit des personnes d’ascendance asiatique dès l’apparition de la COVID-19, début 2020. Même avant l’officialisation de la pandémie, des restaurants chinois et asiatiques d’Ottawa ont observé une baisse de la fréquentation. Des entreprises appartenant à des Canadiens d’origine asiatique ont signalé que des clients leur demandaient s’ils étaient en sécurité dans leur établissement, même si ces entrepreneurs n’avaient jamais mis les pieds à Wuhan. Les actes racistes se sont ensuite multipliés partout au Canada, un phénomène sans doute aggravé par la rhétorique extrémiste existant aux États-Unis.

Le Chinese Canadian National Council for Social Justice (Conseil national sino-canadien pour la justice sociale), grâce à la collaboration d’autres organismes et au financement de Patrimoine canadien, a recueilli des données sur les incidents racistes survenus partout au pays. Cette collecte de données à l’échelle nationale menée par une communauté est une première au Canada. Le rapport publié en septembre fait état de 600 incidents signalés depuis l’apparition de la COVID-19. Facteur préoccupant, les femmes semblent être davantage victimes de ces actes, car elles font l’objet de 60 % des incidents.

Mentionnons aussi les conclusions de l’Institut Angus Reid qui a interrogé 500 Canadiens d’origine chinoise. Dans son rapport de juin 2020, plus de la moitié des sondés déclaraient avoir été traités de tous les noms ou insultés en raison de la COVID-19 et un grand nombre, 43 %, signalent avoir été menacés ou intimidés.

Quant à Statistique Canada, son étude publiée en septembre, qui porte sur un échantillon plus large, indique que 28 % des sondés ont signalé avoir été victimes de discrimination pendant la pandémie, avec là encore plus de victimes féminines. Ces chiffres sont corroborés par une autre étude menée en mai qui indiquait qu’un sondé sur cinq s’identifiant comme membre d’une minorité visible avait subi du harcèlement ou des agressions; c’est-à-dire deux fois plus que le reste de la population.

À quoi ressemblent donc ces manifestations de haine? Insultes, crachats, harcèlement et agressions physiques. Graffitis sur des devantures, avec des phrases comme « Vous avez apporté le virus ici » ou « Retournez chez vous ». L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a vu ses compétences et sa loyauté remises en question par un député, uniquement à cause de ses origines asiatiques. Toutes ces occurrences font perdurer le mythe de « l’étranger perpétuel ». Peu importe depuis combien de temps vous vivez au Canada, si vous y êtes né ou si votre famille est là depuis des générations, ça n’a aucune importance. Seule importe votre apparence. C’est l’essence du racisme : juger quelqu’un sur son apparence, d’après la couleur de sa peau.

Avant que quelqu’un ne dise que cela n’arrive pas à Ottawa, laissez-moi démontrer que si. Les plus récentes statistiques du Service de police d’Ottawa montrent qu’il y a eu au moins 14 cas de crimes haineux cette année contre des personnes d’origine est-asiatique ou sud-est-asiatique. Ce chiffre représente une augmentation de 600 % des statistiques depuis le début de l’année, et le nombre de cas non signalés est probablement bien supérieur.

Même si je comprends la réticence de certains à témoigner, le Service de police d’Ottawa a demandé que tous les cas de crimes haineux, même s’ils semblent anecdotiques, soient signalés. Ceci permet d’avoir une vision d’ensemble de ce qui se passe dans la ville et nous permet d’allouer les ressources nécessaires.

Parmi les cas signalés à Ottawa, il y a eu au mois de mai, ce couple en voiture qui suivait les personnes asiatiques dans le quartier de Nepean en leur criant des insultes raciales, des obscénités et des jurons. Ou le cas de crachats sur la voiture d’un homme qui était en train de manger au restaurant. Ou encore l’incident du Centre Rideau, où l’agresseur a déclaré que le port obligatoire du masque lui donnait envie de « tuer des Asiatiques ». Je rappelle à mes collègues que tous ces incidents ne représentent que la pointe de l’iceberg et qu’ils sont récents. Bien avant ces récentes poussées de haine, des recherches effectuées par nos amis du Centre de santé communautaire Somerset Ouest dans des groupes de discussion avec des aînés chinois ont montré qu’ils subissent du racisme et des agressions dans les transports en commun.

La motion d’aujourd’hui s’inspire de motions similaires adoptées par les conseils municipaux de Toronto, de Montréal et de Vancouver. Elle fait écho à l’appel à l’action lancé par nos collègues de Toronto, qui ont mis en avant la nécessité de combattre le racisme dans leur ville. En tant que leaders de la collectivité, nous avons le devoir de fixer des limites dans notre ville. Nous avons le devoir d’agir et d’encourager tous les résidents à faire partie de la solution.

Je demande à mes collègues de se joindre à ma voix et à celle de lea conseillèr·e McKenney pour dénoncer haut et fort ces occurrences de racisme envers les personnes d’origine est-asiatique, de dire que nous ne tolérerons pas le racisme, sous aucune forme. En demandant au personnel de la Ville de lancer une campagne de sensibilisation publique, nous nous adressons en fait à l’ensemble de la population d’Ottawa, pour que chacun lutte activement à son échelle. Si vous êtes témoin d’un acte raciste, ne restez pas un simple observateur, passez à l’action et devenez un allié!

Chers collègues, je vous invite à soutenir cette motion.

Merci, Monsieur le Maire.

 

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